samedi 5 juin 2010

Quelques-unes de mes peintures favorites du Tate Modern de Londres

Il y a longtemps que j'ai fait paraître mon dernier message... je serai un peu plus présent dans les mois à venir.

Je marque mon retour avec un vidéo (après ceux qui ont été consacrés au MoMA et au Metropolitan, à New York) -- comme dans les autres vidéos, je m'en tiens, ici, exclusivement aux peintures de la collection permanente.



Dans l'ordre, on y trouve des œuvres de Claude Monet, Joan Miro, Georges Rouaut, Asger Jorn, Yves Tanguy, Joan Miro (encore), Salvador Dali (encore), Max Ernst (deux fois), Francis Bacon et Roy Lichtenstein.

mardi 9 mars 2010

Quelques-unes de mes peintures favorites du Musée Metropolitan de New York

Après la vidéo-compilation consacré au MoMA, voici une vidéo apparentée, consacrée cette fois au Metropolitan Museum de New York. Tout comme dans l’autre vidéo, je m’en tiens, ici, exclusivement aux peintures... mais il faut savoir que ce musée est incroyablement vaste et qu’il comporte un nombre fantastique de sculptures, d’objets et de tableaux divers. À voir absolument, et à plus d’une reprise!

Dans le montage de ces courtes scènes, j’ai tenté de respecter (en gros) la chronologie en m’inspirant surtout des dates de naissance et de mort des peintres représentés. Dans l’ordre, on y trouve donc des œuvres de Rembrandt van Rijn, Georges De La Tour, Johannes Vermeer, Le Gréco, Francisco Goya, Caspar David Friedrich, JMW Turner, Arnold Bocklin, Paul Cézanne, Vincent Van Gogh, Odilon Redon, Roger De La Fresnaye, Chaim Soutine, Salvador Dali, Max Ernst, Joan Miro, Yves Tanguy, Georgia O’Keefe et Andy Warhol.



J’ai déjà fait allusion à quelques-unes de ces toiles dans des messages antérieurs, et je reviendrai sans doute sur d’autres œuvres dans le futur.

Ces images ont été tournées le 23 février 2010.

jeudi 4 mars 2010

Quelques-unes de mes peintures favorites du MoMA de New York

Voici quelques-unes de mes peintures favorites exposées au Museum of Modern Art, à New York (les images ont été tournées le 21 février 2010, pendant un voyage là-bas). Le MoMA expose une grande variété d’œuvres -- peintures, dessins, sculptures, photographies, etc. -- mais j’ai choisi ici de m’en tenir exclusivement à la peinture.

Après l’immense version d’une créature imaginée par Tim Burton, auquel le MoMA consacrait alors une très belle exposition, on trouve (dans leur ordre d’apparition) des peintures de Claude Monet (dans une salle temporaire), Edvard Munch, Odilon Redon, Vincent Van Gogh, Henri Rousseau (deux toiles), Marc Chagall, José Clemente Orozco, Umberto Boccioni, une vue aérienne hors du Musée, puis des peintures de Giorgo de Chirico, Max Ernst, Salvador Dali et René Magritte (deux toiles).

J’espérais capter quelques images de L’empire des lumières II (1950) de Magritte, mais la peinture a sans doute été prêtée; j’ai cependant vu un tableau de Magritte qui n’y était pas auparavant. J’ai aussi été particulièrement frappé par le Munch; le tableau de Redon inclut dans le vidéo n’y était pas pendant mes deux visites précédentes.

lundi 1 mars 2010

René Magritte, Valeurs personnelles (1952) et Salvador Dali, Nature morte vivante (1956)

Le genre de la nature morte a une très longue histoire : le terme lui-même est apparu au XVIIe siècle, et depuis, de nombreux peintres ont proposé des variations sur ce thème, montrant les rencontres d’objets les plus divers.

On croyait le genre… mort (!), au XXe siècle, une période remplie d’expérimentations hardies qui paraissaient remettre en question bien des critères classiques. Les peintres modernes ont toutefois accordé une attention soutenue au genre de la nature morte. Cézanne fut le premier à la remettre au goût du jour, avec ses célèbres pommes. Après Cézanne, les cubistes ont emboîté le pas et la nature morte s’est trouvée soumise aux permutations les plus étonnantes, car le genre était au centre de nouvelles manières de jouer avec la perspective.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les surréalistes ne se sont pas complètement désintéressés de la nature morte, même s’ils l’ont beaucoup moins pratiquée que les cubistes. Les deux peintures incluses ici le montrent bien; elles ont été peintes à seulement quatre ans d’intervalle.



De Magritte (1898-1967), tout d’abord, Valeurs personnelles (1952). Avec ses objets démesurés et son atmosphère à la fois paisible et silencieusement menaçante, le tableau a plusieurs points en commun avec d’autres tableaux magrittiens qui sortent les objets de leur monde habituel pour les transplanter ailleurs. Mais l’effet est plutôt singulier dans cette image!



De Dali (1904-1989), ensuite, Nature morte vivante (1956), qui donne à un genre habituellement stable et immobile une dimension mouvante et imprévisible. Cette peinture est l’un des emblèmes d’une période qu’il a lui-même qualifiée d’ « archangélisme scientifique » ou de « mysticisme nucléaire » – des perspectives à peu près impossibles à décrire en quelques mots, qui provoquent la rencontre d’éléments à première vue contradictoires.

vendredi 12 février 2010

Kelley Jones, deux pages couvertures de la série Batman (1995)

Comme tout francophone, j’ai grandi avec les bandes dessinées européennes – belges (Hergé et Tintin au premier chef, mais aussi Jacobs [Blake & Mortimer] et Lucky Luke) et françaises (Astérix… j’ai découvert Fred et Philémon beaucoup plus tard). Je me suis intéressé aux comics anglo-américains à quatorze ans. Assez rapidement, mes goûts se sont éloignés (de manière consciente ou non) du style « ligne claire » européen pour plutôt gagner des territoires plus sombres et sinistres.

Un des deux premiers comics que je me suis procurés en 1995 était un numéro de Batman dessiné par Kelley Jones (né en 1962). Après avoir illustré les pages couvertures des séries Batman et Detective Comics pendant quelques années, il devint le principal dessinateur de la série Batman (le titre principal parmi les publications mettant en vedette le justicier masqué ou caped crusader) au début de 1995, flanqué par le scénariste Doug Moench et l’encreur John Beatty. Pendant un peu plus de trois ans, ils produisirent ensemble près de quarante numéros aux histoires étranges et mystérieuses, illustrées avec panache et originalité par des artistes qui tranchaient radicalement par rapport aux modes du temps.

Dès les premiers numéros du tandem Moench/Jones/Beatty, les réactions étaient très partagées, certains adorant le tournant expressionniste de la série, d’autres s’ennuyant désespérément d’une allure plus sage et classique (parmi les controverses de l’époque : la taille démesurée des « oreilles » de Batman, dans la version Jones!). Encore aujourd’hui, son style ne fait pas l’unanimité; j’ai pu le constater en montrant quelques-unes de ses illustrations à des proches, qui n’ont pas toujours partagé mon enthousiasme.

L’un des principaux intérêts des personnages célèbres des comics américains est de les voir soumis aux variations les plus éclatées au fil des décennies, qu’il s’agisse des récits ou des illustrations. Un personnage comme Batman a vécu beaucoup plus de neuf vies; il a été naïf, intense, rangé, dispersé, héroïque ou monstrueux au gré des auteurs et des dessinateurs qui l’ont fait vivre. Rarement a-t-il été aussi inquiétant et effrayant que lorsqu’il est dessiné par Jones – sous son crayon, le personnage est une créature insaisissable dont la cape emprunte des trajectoires impossibles. Le réalisme est complètement banni : ne restent que des impressions difficiles à oublier.

Je consacrerai quelques sections à l’art expressionniste de Kelley Jones sur ce blogue; je commence en incluant mes deux pages couvertures favorites réalisées lors de son passage sur Batman, de 1995 à 1998; les deux illustrations ont été publiées en 1995. D’autres envois privilégieront un autre aspect de son style, ou une autre série.



La première page couverture est tirée du #521 de Batman, qui raconte la première moitié d’une histoire mettant en vedette Killer Croc, une créature des bayous qui a été souvent utilisée depuis sa première apparition, en 1983. Jones a multiplié les images montrant la dimension cauchemardesque du mythe de Batman au fil des ans, et cette illustration est l’une des plus fortes. Les étranges visages qui tapissent l’arrière-plan suggèrent un rêve macabre… mais le rêve de qui, au juste? Comme c’est souvent le cas dans l’œuvre de Jones, le véritable monstre, dans cette illustration, est moins Killer Croc que Batman lui-même, celui qui est censé représenter la loi et la justice.



La deuxième page couverture est tirée du #524 et a donc paru quelques mois à peine après la précédente. Le thème de la « chambre à miroirs » a donné lieu à plusieurs images mémorables dans l’histoire de l’art (au cinéma, notamment, dans une des dernières séquences du film The Lady From Shanghai, d’Orson Welles), et Jones l’a exploité à son tour dans ce dessin fantastique. Les miroirs offrent autant de facettes de Scarecrow, cet épouvantail créé en 1941, peu de temps après Batman lui-même (on l’a vu au cinéma, en 2005, dans Batman Begins). Batman trône au centre de l’image, sa cape se déployant d’une manière illogique et expressive (une des marques de commerce de Jones).

(Note : l’association de Jones à Batman ne se limite pas aux titres Detective Comics et Batman mentionnés jusqu’ici – il a également illustré de multiples séries parallèles, la plupart écrites par Doug Moench [dont une trilogie mêlant les thèmes de Batman à ceux de la littérature de vampires, Haunted Gotham et la récente The Unseen], mais quelques-unes étant écrites par d’autres auteurs… dont la récente Gotham By Midnight, avec Steve Niles.)

mercredi 3 février 2010

Max Ernst, L'oeil du silence (1943-1944)

Ah… Max Ernst (1891-1976). Moins célèbre que René Magritte ou Salvador Dali, entre autres peintres surréalistes, Ernst est pourtant un immense artiste. Son œuvre a subi plusieurs métamorphoses au fil des années; les styles et les expérimentations se succèdent à un rythme effréné dans ses travaux, et on ne peut limiter la « manière ernstienne » à une seule forme. Peinture, dessin, sculpture, collage… il s’est plu à tout essayer.

L’introduction la plus percutante à l’œuvre de Ernst, pour les non-initiés, est probablement la série d’œuvres produites grâce à une technique qualifiée de décalcomanie. Oscar Dominguez a été le premier peintre surréaliste à s’en réclamer, mais les œuvres de Ernst (son ami) sont probablement les exemples surréalistes les plus célèbres de tous. La décalcomanie est un procédé de transposition : quelque chose est appliqué sur un support (de la gouache sur du papier ou du plastique, par exemple), puis ces couleurs sont apposées, par des frottements réguliers, sur une toile. Une sorte de peinture sans pinceaux!



Toutes les décalcomanies de Ernst me plaisent beaucoup, mais je choisis ici celle qui m’a ouvert les yeux sur ce pan de son œuvre : L’œil du silence. Les paysages énigmatiques des décalcomanies de Ernst semblent souvent dépourvues de toute présence… vivante, à première vue en tout cas. Leur examen attentif (j’aurais presque envie de dire : leur contemplation) révèle toutefois qu’il en va tout autrement. Cette image nous montre une nymphe allongée, en bas à droite; les diverses formes organiques du tableau font parfois naître des visages, des yeux ou des créatures à mi-chemin entre l’animal et le fossile (cet aspect rappelle l’intérêt de Max Ernst pour la nature – il a fait paraître un album intitulé Histoire naturelle en 1926, avec une préface de Jean Arp).

Comme la signification des formes d’Yves Tanguy (un autre peintre surréaliste sous-évalué), celle des formes de Max Ernst n’en tient qu’à la perspective du spectateur.


dimanche 31 janvier 2010

Yves Tanguy, Multiplication des arcs (1954)

Yves Tanguy (1900-1955) est une des figures les plus mystérieuses du surréalisme. Il a vécu à Paris pendant les années les plus vivantes du mouvement, puis il est allé à New York avec sa nouvelle épouse, l’artiste Key Sage, vers 1940, où il a vécu jusqu’à sa mort.

Contrairement à Max Ernst, qui s’est continuellement réinventé pendant toute sa carrière, Tanguy a trouvé sa voie (et sa voix) au tournant des années 1930 et il est demeuré fidèle à lui-même pendant les vingt-cinq années suivantes. Quels que soient les agencements de couleurs et de formes, ses tableaux ont une grande cohérence, ils participent à une même vision du monde – étrange et inquiétante, mais très belle, aussi. Sa peinture a des points en commun avec celle de Dali, mais le monde de Tanguy est unique, sur la planète surréaliste. On ne parviendra sans doute jamais à imposer une seule signification aux formes produites par Tanguy… tant mieux!



La peinture de Tanguy qui m’a le plus fasciné, dès le départ, est aussi une de ses dernières (sur laquelle il aurait travaillé pendant des mois). On y retrouve un paysage caractéristique du peintre, avec des formes organiques difficiles à identifier (ossements? fossiles? créatures de sous les mers?) et un vaste horizon, mais ces formes sont plus nombreuses qu’à l’habitude, elles composent un univers encore plus rempli. On peut y voir une sorte d’aboutissement de son œuvre, qui achevait déjà car Tanguy est mort l'année suivante.

Ce tableau est censé appartenir à la collection du Museum of Modern Arts (MoMA) de New York, mais je ne l’y ai encore jamais vu…

mardi 26 janvier 2010

Otto Dix, Autoportrait en soldat (1914)

J’éprouve un grand intérêt pour les expressionnistes, mais j’ai découvert l’œuvre de Dix (1891-1967) sur le tard, en feuilletant un livre introductif sur l’expressionnisme. L’expressionnisme pratiqué par des artistes comme Dix et Georg Grosz, qu’on pourrait qualifier de « grotesque » ou de satirique, m’emballe un peu moins que l’expressionnisme lyrique et inquiétant d’un Van Gogh ou d’un Soutine, par exemple.

Ce n’est pas toujours vrai, cependant : les œuvres que Dix a consacrées à la première guerre mondiale (à laquelle il a participé) sont d’une puissance extraordinaire. Ces peintures et ces eaux-fortes ne peuvent être oubliées après qu’on les ait vues. Je pense notamment au cycle d’eaux-fortes La guerre (1924; Der Krieg), digne de Goya; au triptyque lui aussi intitulé La guerre (1932), que j’ai vu à Dresden (où Dix enseignait avant d’être congédié par les Nazis, qui le considéraient comme un « artiste dégénéré ») et qui m’a énormément ému et impressionné; mais je pense aussi à une image beaucoup moins ambitieuse, réalisée à l’encre et à l’aquarelle, plusieurs années auparavant : l’Autoportrait en soldat (1914).



Mon intérêt pour cette image est difficile à expliquer (le mystère de l’art est insondable…). Elle porte la violence de plusieurs autres images guerrières de Dix; une violence qui est ici exprimée par une esthétique très proche de celle du graffiti (pour les motifs emportés et la présence des chiffres et des lettres). Le regard du personnage n’est pas moins vif que ses traits.


J’ai osé recadrer cette image pour en faire mon avatar, sur ce blogue (voir mon profil)… sans trop comprendre ce que ce geste sous-entend!

samedi 23 janvier 2010

Egon Schiele, Soleil d'automne et arbres (1912)

Tout comme son ami et mentor Gustav Klimt (1862-1918), Egon Shiele (1890-1918) est célèbre pour ses figures étranges, intensément expressionnistes; pour ses nus anguleux, entre autres.



Si je les apprécie beaucoup, ses arbres, bizarrement, me frappent encore plus. Ils font vaguement penser à des estampes, mais ils portent la marque de Schiele. Dans cette image mystérieuse, le soleil du titre est assez subtil et se fond dans l’arrière-plan. En tant que forme, l’arbre se prête très bien à un traitement pictural, et celui de Schiele est un des plus intéressants, à mon avis…

mercredi 20 janvier 2010

Vincent Van Gogh, Champ de blé avec cyprès (1889)

J’aurais pu consacrer toute une section à Van Gogh (1853-1890) parce qu’il est l’un de mes peintres préférés... d’autres images s’ajouteront d'ailleurs au cours des prochains mois. Je débute cependant avec le tableau qui m'a le plus impressionné quand j’ai visité pour la première fois le musée Metropolitan, à New York.



J’ai cherché partout sur le Web, espérant trouver une reproduction qui puisse donner une idée (au moins relative) de sa très grande force, sans véritable succès. Cette reproduction ne lui rend pas vraiment justice : la peinture illumine l’espace, et même si la salle dans laquelle elle est exposée comporte d’autres grands tableaux de Van Gogh, c’est elle qui attire le regard. Les couleurs et la composition (l’image peut être lue de droite à gauche – Van Gogh adorait les estampes japonaises et en possédait une collection bien garnie) sont fantastiques…

mardi 19 janvier 2010

Odilon Redon, Le rêve (1904)

J’ai découvert l’œuvre de Redon (1840-1916) par l’entremise de l’écrivain Joris-Karl Huysmans et de son roman À rebours (1884). Dans ce livre, Huysmans décrit avec attention la vaste collection (puisée surtout chez les symbolistes) que possède son héros décadent, Des Esseintes. Il a aussi avoué son admiration pour son contemporain Redon dans d’autres textes.


De nombreuses images de Redon me captivent (des dessins en noir du début [dont plusieurs inspirés par Edgar Allan Poe] aux pastels et aux huiles en couleurs des dernières décennies), et il est fort probable que j’en ajoute quelques-unes dans ce Musée. Pour débuter, je vous propose toutefois une œuvre qui, étrangement, ne figure pas dans mes quelques livres consacrés à Redon. Je ne l’ai donc vue ni dans mes livres, ni « en personne ». Je dois me contenter d’une image virtuelle, mais j’adore cette peinture (avec ajouts au pastel?). C’est une de ses œuvres les plus abstraites. Elle illustre parfaitement son titre, à mon avis… le rêve est fascinant, mais il nous échappe toujours! C'est un thème qui a toujours intéressé Redon -- son premier album de lithographies portait pour titre Dans le rêve (1879).

dimanche 17 janvier 2010

René Magritte, L'empire des lumières II (1950)

René Magritte (1898-1967) est un de mes peintres préférés – non seulement parmi les surréalistes, mais parmi tous les peintres. Il est l’un des plus accessibles, parce que ses images sont peintes avec un réalisme assez prononcé, et les objets représentés nous sont presque toujours familiers… mais c’est la représentation qui change tout : le familier devient étranger, ce qu’on croyait connaître nous est présenté de façon inattendue.

Magritte réunit constamment des choses qui, habituellement, ne sont pas rapprochées : un grand nombre de ses peintures orchestre un choc entre des éléments contraires.


Une de ses images les plus caractéristiques (peut-être ma préférée entre toutes) est la rencontre du jour et de la nuit, dans la série de toiles qu’il a intitulée L’empire des lumières. Il en a peint au moins une vingtaine dans différents formats, mais selon un principe invariable.

J’inclus ici le tableau que j’ai vu au Museum of Modern Arts de New York. Il est de forme rectangulaire, alors que la plupart des versions de L’empire des lumières sont de forme verticale. Il confond au premier regard parce que la rencontre impossible est peinte avec un grand souci de réalisme. L’incongruité de l’image ne frappe qu’après coup.

Richard Oelze, L'attente (1935-36)

Mon admiration pour le mouvement surréaliste date de plusieurs années déjà. Tout en étant fasciné par l’œuvre des artistes surréalistes les plus connus (mes messages des prochaines semaines et des prochains mois le prouveront), je suis toujours heureux d’en apprendre un peu plus sur des artistes qui ont œuvré dans l’ombre.

Richard Oelze, un peintre allemand né en 1900 et mort en 1980, est de ceux-là. Il a passé du temps à Paris pendant les années trente, gravitant autour de la « nébuleuse surréaliste » avec Breton, Ernst, Eluard, Brauner et les autres. Il a participé aux deux guerres. Il est rentré en Allemagne à la fin des années trente pour y demeurer jusqu’à sa mort.


Ma connaissance de son œuvre est très limitée, mais j’ai fait une belle découverte pendant ma visite de l’été 2008 au Musée des Beaux-Arts du Canada, à Ottawa, pour l’exposition Les années 1930 : la fabrique du nouvel homme – L’attente (1935-36); son titre allemand est Erwartung. Le thème est sombre, les couleurs le sont aussi, et on déduit facilement que l’attente du titre concerne une réalité insoutenable… mais infiniment mystérieuse. L’imagerie est assez proche de celles d’Ernst (surtout ses décalcomanies) et de Magritte (les figures à chapeaux et le vaste ciel), mais elle lui appartient en propre.

Le tableau est censé appartenir au Museum of Modern Arts de New York, mais je ne l’y ai pas vu pendant mes deux visites...