Contrairement à Max Ernst, qui s’est continuellement réinventé pendant toute sa carrière, Tanguy a trouvé sa voie (et sa voix) au tournant des années 1930 et il est demeuré fidèle à lui-même pendant les vingt-cinq années suivantes. Quels que soient les agencements de couleurs et de formes, ses tableaux ont une grande cohérence, ils participent à une même vision du monde – étrange et inquiétante, mais très belle, aussi. Sa peinture a des points en commun avec celle de Dali, mais le monde de Tanguy est unique, sur la planète surréaliste. On ne parviendra sans doute jamais à imposer une seule signification aux formes produites par Tanguy… tant mieux!
La peinture de Tanguy qui m’a le plus fasciné, dès le départ, est aussi une de ses dernières (sur laquelle il aurait travaillé pendant des mois). On y retrouve un paysage caractéristique du peintre, avec des formes organiques difficiles à identifier (ossements? fossiles? créatures de sous les mers?) et un vaste horizon, mais ces formes sont plus nombreuses qu’à l’habitude, elles composent un univers encore plus rempli. On peut y voir une sorte d’aboutissement de son œuvre, qui achevait déjà car Tanguy est mort l'année suivante.
Ce tableau est censé appartenir à la collection du Museum of Modern Arts (MoMA) de New York, mais je ne l’y ai encore jamais vu…