mercredi 3 février 2010

Max Ernst, L'oeil du silence (1943-1944)

Ah… Max Ernst (1891-1976). Moins célèbre que René Magritte ou Salvador Dali, entre autres peintres surréalistes, Ernst est pourtant un immense artiste. Son œuvre a subi plusieurs métamorphoses au fil des années; les styles et les expérimentations se succèdent à un rythme effréné dans ses travaux, et on ne peut limiter la « manière ernstienne » à une seule forme. Peinture, dessin, sculpture, collage… il s’est plu à tout essayer.

L’introduction la plus percutante à l’œuvre de Ernst, pour les non-initiés, est probablement la série d’œuvres produites grâce à une technique qualifiée de décalcomanie. Oscar Dominguez a été le premier peintre surréaliste à s’en réclamer, mais les œuvres de Ernst (son ami) sont probablement les exemples surréalistes les plus célèbres de tous. La décalcomanie est un procédé de transposition : quelque chose est appliqué sur un support (de la gouache sur du papier ou du plastique, par exemple), puis ces couleurs sont apposées, par des frottements réguliers, sur une toile. Une sorte de peinture sans pinceaux!



Toutes les décalcomanies de Ernst me plaisent beaucoup, mais je choisis ici celle qui m’a ouvert les yeux sur ce pan de son œuvre : L’œil du silence. Les paysages énigmatiques des décalcomanies de Ernst semblent souvent dépourvues de toute présence… vivante, à première vue en tout cas. Leur examen attentif (j’aurais presque envie de dire : leur contemplation) révèle toutefois qu’il en va tout autrement. Cette image nous montre une nymphe allongée, en bas à droite; les diverses formes organiques du tableau font parfois naître des visages, des yeux ou des créatures à mi-chemin entre l’animal et le fossile (cet aspect rappelle l’intérêt de Max Ernst pour la nature – il a fait paraître un album intitulé Histoire naturelle en 1926, avec une préface de Jean Arp).

Comme la signification des formes d’Yves Tanguy (un autre peintre surréaliste sous-évalué), celle des formes de Max Ernst n’en tient qu’à la perspective du spectateur.


1 commentaire:

  1. Il n'y a pas de description du tableau ...������

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